Le gouvernement prépare un plan pour adapter la France à un réchauffement de +4°CIstock
Mardi 23 janvier, le gouvernement a lancé la première étape de l'élaboration du plan "La France s'adapte" pour préparer le pays à une hausse des températures de +4 °C d'ici 2100. En voici les grandes lignes.
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Le 30 janvier prochain, cela fera un an jour pour jour que le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires aura créé la surprise en annonçant subitement sa volonté de "modéliser un scénario de réchauffement à +4 °C en France [en 2100] ", revient un article du site Reporterre.

50 mesures concrètes annoncées au printemps

Promesse tenue par Christophe Béchu qui, a lancé le 23 janvier, son plan " la France se prépare à +4°C" à la fin XXIe siècle. Son objectif ? Anticiper les conséquences du réchauffement climatique dans toute la France y compris en Outre-mer.  Le Plan national d'adaptation pour le changement climatique, prévu pour une période de cinq ans, devrait être présenté cet été, explique nos confrères du Figaro.

Un projet qui a l'ambition d'annoncer 50 mesures concrètes. " On ne va pas se contenter d'énoncer des réalités. On va bouger des réglementations, des législations, des façons de faire et (des éléments) du droit du travail ", a promis le ministre, à l'issue d'un colloque organisé le 23 janvier au matin dans un amphithéâtre du Jardin des plantes, au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris revient également le journal.

Au préalable, fin février 2024, à l'issue d'un séminaire, le gouvernement devrait donner des lignes directrices. Puis fin mars un débat national sera organisé pour rassembler des propositions concrètes.

"S’adapter, ce n’est pas renoncer, a insisté Christophe Béchu. Ce serait totalement irresponsable de laisser penser que tout va bien et qu’on va tenir l’Accord de Paris. Que ce soit pour des raisons de protection des Français, ou pour une raison de poursuite des activités économiques, ou de continuité des services publics, il faut avoir le courage d’écouter les experts et les scientifiques, et de conduire une politique d’adaptation [...] à 4 °C."

Des annonces qui ont fait réagir certaines personnalités engagées sur le front de l'écologie et présentes le jour du lancement.

Le projet de " limiter le réchauffement à + 1,5°C... mort "

Présent à l'occasion du lancement du plan, Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project et associé de Carbone 4, a souligné que le projet de "  limiter le réchauffement à + 1,5°C était mort ", sauf en cas de pandémie majeure qui conduirait à la disparition des trois-quarts de l'humanité.

Car pour contenir la hausse de la température mondiale, au niveau le plus ambitieux fixé par l'Accord de Paris, à l'issue de la COP21, en décembre 2015, "il faudrait à présent réduire de 8 % par an les émissions mondiales de dioxyde de carbone. Donc arrêter cette année les émissions de l'Inde et l'an prochain, celles de l'Europe ", a ajouté Jean-Marc Jancovici pour pointer qu’un tel effort semble impossible à tenir.

Un avis partagé avec Arthur Auboeuf, cofondateur de l'entreprise citoyenne Team for the Planet, qui a indiqué "que les impacts ne sont pas linéaires ni proportionnels à la hausse de la température". En clair, les conséquences du réchauffement seront inattendues et imprévisibles, même si on table déjà sur un doublement de la durée et de l'intensité des épisodes de chaleur, à des canicules de plus de deux mois, avec des conséquences pour les réseaux ferrés, les routes…

Selon eux aucun département ne sera préservé des conséquences du changement climatique qui pourront sembler contradictoires : telles des inondations dans le nord du pays avec le même jour des records de température dans le sud de la métropole, développe un article du Figaro.  Des projections commandées par le ministère de la Transition écologique, une France à +4 °C impliquera des vagues de chaleur plus nombreuses, plus longues (un à deux mois), plus sévères, plus précoces comme plus tardives. La ville de Lille aura le climat de Bilbao (Espagne), tandis que les températures de Lyon seront similaires à celles de Rome (Italie), revient Reporterre.

Pour se préparer à ces conséquences, les villes ne sont pas encore prêtes... notamment en termes d'assurances; et de nombreux acteurs ont appelé à la création un changement de modèle de société pour y faire face.

Le tarif des assurances pourrait doubler d'ici 2050

Face aux annonces du ministre, de nombreux acteurs ont appelé à un changement de modèle de société et même à "la création d'un nouveau contrat social", selon le sénateur de Loire-Atlantique, Ronan Dantec, du groupe écologiste, qui a salué l'initiative de Christophe Béchu pour préparer la France à un réchauffement de + 4°C. Le sénateur a rappelé que certaines communes françaises n’arrivaient déjà plus à se faire assurer pour se prémunir des risques climatiques, revient le Figaro.

Pascal Demuger, directeur général de la MAIF, a indiqué que face à la hausse des sinistres, le tarif des polices d'assurance pour les particuliers "pourrait doubler d'ici à 2050". Certains risques pourraient selon lui s'aggraver : "comme les submersions marines et le retrait gonflement des sols argileux" qui concerne déjà 11 millions de maisons individuelles en France. Pour les communes qui n'arrivent plus à s'assurer, le directeur général de la MAIF préconise "la création d'un système coopératif" où chaque assureur serait contraint de contribuer. Une proposition concrète qui pourrait être inscrite à l'issue du débat public.

Mais "le changement climatique n'est que la troisième cause de la perte de biodiversité, après le changement d'usage des sols (en raison de l'artificialisation des sols, NDLR) et l'exploitation des espèces ", a rappelé Sandra Lavorel, écologue, directrice de recherche à l'université Grenoble-Alpes et médaille d'or du CNRS en 2023, lors de l'évènement.

Christophe Béchu, en conclusion de cette annonce de taille, a assuré la nécessité d'accélérer nos "politiques d’atténuation", en parallèle du plan à l’adaptation au changement climatique. Le même gouvernement qui a retiré tous les objectifs climatiques chiffrés du projet de loi pour la souveraineté énergétique. Un recul qui inquiète les associations environnementales, pointe le site Reporterre.