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Si Pfizer et BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Oxford, et l'institut Gamaleïa ont tous communiqué des taux d'efficacité impressionnants de leur vaccin contre le Covid-19, il reste encore beaucoup de questions au sujet de la protection de ses vaccins et de leur date de disponibilité.
Vaccin contre le coronavirus (Covid-19) : Moderna, Sanofi, Pfizer ou Astrazeneca/Oxford ?Adobe Stock

Vaccin Covid-19 : à quelle date sera-t-il disponible ?

Pfizer et BioNTech, Moderna, Sanofi, Astrazeneca... Alors que plusieurs laboratoires ont annoncé leurs premiers résultats de phase 3 des essais de leurs vaccins contre le coronavirus, avec des taux d'efficacité encourageants (plus de 90% pour certains), Emmanuel Macron en a dit plus ce mardi 24 novembre au sujet du timing auquel on pourra espérer voir les premiers vaccins arriver en France. "Des vaccins seront disponibles dès fin décembre – début janvier, une seconde génération arrivera au printemps. C'est une formidable lueur d'espoir. La vaccination se fera dans un cadre transparent et, soyons clairs, elle ne sera pas obligatoire."

Les étapes clés de fabrication et de déploiement de vaccins Covid-19

Afin d’établir les grandes lignes d’une stratégie vaccinale pour la France, un groupe mixte multidisciplinaire constitué de membres du Comité Analyse Recherche Expertise (CARE) Covid-19, du Comité scientifique vaccins Covid-19 et du Conseil scientifique Covid-19 a été mis en place. Ce groupe de réflexion a dégagé cinq points principaux de connaissance et de réflexions nécessaires à l’élaboration d’une stratégie vaccinale COVID-19 :

  • Les différents types d’immunité et leur importance dans la construction d’une stratégie vaccinale contre la COVID-19.
  • Les principales caractéristiques des vaccins actuellement en phase dedéveloppement. Une visibilité sur les différentes options vaccinales permettra à la France de faire les meilleurs choix en fonction des besoins identifiés (populations cibles, temporalité de l’accès…) mais aussi des contraintes logistiques (opérationnalité de la vaccination, ressources humaines en charge de la vaccination, enjeux économiques…).
  • Les populations cibles de cette vaccination COVID-19, avec une priorisation d’accès en fonction des risques sanitaires, des populations à risques professionnels, des emplois stratégiques ainsi que de caractéristiques socio-éco-démographiques. Le ciblage des populations prioritaires est une composante cruciale de la stratégie vaccinale.
  • Les modalités de vaccination, prenant notamment en compte le nombre de doses de vaccin à administrer et la diversité des professionnels en charge de la vaccination.
  • Les enjeux sociétaux liés à la vaccination, visant à renforcer l’adhésion de nos concitoyens aux vaccins disponible, constituent une condition essentielle de la réussite d’une campagne vaccinale, quelle que soit son échelle. La réticence à la vaccination en France est un phénomène connu, ayant fait l’objet de travaux de sciences humaines et sociales et largement étudié dans le cas de la vaccination grippale. Une campagne de vaccination contre la COVID-19 pourrait se heurter aux réticences d’une partie de nos concitoyens, comme le suggèrent certaines enquêtes. Dans un contexte de défiance et en présence d’enjeux industriels, la vaccination se prête aux controverses publiques, voire au conspirationnisme. Afin de ne pas renouveler l’échec de la vaccination anti-grippale de 2009, un ensemble de propositions relatives à la communication et à la transparence, ainsi qu’une démarche participative associant des citoyens sont ici développées.

Quels vaccins en France ?

L'Institut Pasteur

L'Institut Pasteur est en train de "développer un modèle animal" pour le vaccin contre le coronavirus dans le cadre d'un "développement accéléré d’un candidat vaccin à ADN". L'objectif est de développer un modèle de souris pour l’infection par SARS-CoV-2. Il permettra non seulement d’évaluer l’efficacité du vaccin, mais facilitera aussi des études in vivo sur le SARS-CoV-2. L'Institut Pasteur précise ainsi que cela permettra "d'évaluer l’immunogénicité", c'est-à-dire la capacité à induire une réaction immunitaire spécifique, et l’efficacité du vaccin, soit la capacité de protection de candidats vaccins à base d’ADN.

La vaccination par ADN est une technique de protection contre les maladies par injection d’ADN codant pour un antigène d’intérêt. L’ADN injecté entraîne une réponse immunologique protectrice, par exemple, par la production d’anticorps contre l’antigène. Les vaccins à ADN présentent des avantages potentiels par rapport aux vaccins classiques, y compris la capacité à induire une plus large gamme de types de réponses immunitaires. Deux antigènes candidats ont déjà été conçus, basés sur la protéine S (spicule) du virus, protéine responsable de la "couronne" observée à la surface des coronavirus à l'origine de leur nom.

Vaccin BCG

Le vaccin BCG, initialement mis au point pour combattre la tuberculose, ne fait plus partie de nos vaccins obligatoires depuis 2007. Mais celui-ci pourrait "entraîner" en notre système immunitaire à combattre toutes formes d’agressions.

"C'est un vaccin qui a des propriétés très particulières et qui vont au delà de la lutte contre les maladies de la tuberculose. Il a la capacité d'entraîner notre système immunitaire inné (...) qui pourrait se révéler essentiel dans la lutte contre le Covid, notamment dans la prévention des formes inflammatoires sévères et les formes sévères de la maladie qui reposent sur la réponse inflammatoire", explique sur RMC Laurent Lagrost, directeur de recherche à l’Inserm.

Mais en attendant des preuves scientifiques, des corrélations peuvent déjà être faites : en Guyane, la vaccination BCG est obligatoire et sur 300 000 habitants, seuls 88 cas sont recensés et aucun décès.

"Il n'y a aucun patient en réanimation médicale dans aucun hôpital de Guyane française qui montre une prévalence de la tuberculose dix fois plus forte que dans l'hexagone. Je prendrai aussi l'exemple de l'Allemagne; la RDA (est) avait une politique de vaccination forte, la RFA (ouest) un peu plus souple, et quand on voit les chiffres dans les Landers allemands la différence est frappante", ajoute le chercheur.

Une piste sérieuse donc et pleine de promesses.

Inserm : candidats volontaires pour tester la vaccination Covid-19

L’Inserm lance une plateforme d’évaluation des candidats vaccins contre la Covid-19 pour la réalisation d’essais de qualité à grande échelle. Avec l’appui du réseau REACTing, de Santé publique France, des CHU et du collège national des généralistes enseignants, cette plateforme d’évaluation clinique des candidats vaccins contre la Covid-19, baptisée COVIREIVAC, "permettra de les tester de manière rigoureuse et d’obtenir de solides données sur leur capacité à induire une réaction immunitaire (immunogénicité) ainsi que sur leur sécurité".

Ce projet part du constat que l’accès de la France aux candidats les plus prometteurs ne sera possible qu’en mettant en place un "guichet unique" au service des industriels et des académiques permettant d’évaluer ces produits, de garantir la faisabilité des essais cliniques auprès des industriels concernés et de négocier les conditions de production et de marchés. Cette approche implique à la fois l’instauration d’un "comité scientifique" chargé de réaliser une évaluation scientifique et stratégique des différents candidats vaccins, et le développement d’une plateforme nationale d’évaluation clinique des candidats vaccins Covid-19.

Entreprises et laboratoires travaillant sur la recherche du vaccin contre la Covid-19

Le vaccin Sanofi-GSK

Sanofi et Translate Bio ont annoncé le 15 octobre dernier les résultats précliniques du MRT5500, un candidat vaccin à ARNm contre le SARS-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19. L’évaluation préclinique du MRT5500 a en particulier montré "un profil de réponse immunitaire favorable contre le SARS-CoV-2". Ces données justifient la poursuite du développement clinique de ce candidat-vaccin et la conduite d’un essai clinique de phase I/II qui devait débuter dans le courant du quatrième trimestre de 2020.

"Pour lutter contre cette pandémie, nous devons tirer parti des solides connaissances que notre expertise de longue date des maladies infectieuses nous a permis d’acquérir, et nous tourner vers des technologies nouvelles, innovantes et prometteuses", avait déclaré Thomas Triomphe, Vice-Président Exécutif et Responsable Monde de Sanofi Pasteur. "La présentation, aujourd’hui, de ces résultats positifs fait franchir une nouvelle étape au développement d’un vaccin potentiel sûr et efficace contre le SRAS-CoV2 et montre combien cette technologie est prometteuse. Nous sommes impatients de poursuivre nos travaux avec notre partenaire Translate Bio pour que tous, partout dans le monde, puissent bénéficierde cette technologie."

Le vaccin de Pfizer et BioNTech

Leur vaccin expérimental, baptisé BNT162b2, repose sur la même méthode que celui de Moderna. L'alliance germano-américaine a annoncé qu'elle comptait déposer une demande d'autorisation de mise sur le marché au cours de la troisième semaine de novembre 2020. Par ailleurs, la société pharmaceutique prévoit de commencer à tester son vaccin chez les enfants dès l'âge de 12 ans, a indiqué le chercheur responsable de l'essai à CNN, mardi 27 octobre. La première semaine de novembre, des ados de 16-17 ans ont été vaccinés. Ils passeront ensuite aux 12-15 ans. Il s'agit du premier essai de vaccin contre le coronavirus impliquant des enfants aux États-Unis.

Le vaccin Moderna aux États-Unis

La société de biotechnologie américaine, dirigée par le Français Stéphane Bancel, a annoncé le 16 novembre que son vaccin est efficace à 94,5 % et assuré qu'il "peut protéger contre la Covid-19, y compris dans ses formes sévères". Moderna devrait déposer rapidement, comme pour le vaccin de Pfizer, une demande d'autorisation d'utilisation d'urgence auprès de la FDA. Moderna, qui utilise aussi la technologie de "l'ARN messager", a réalisé ses essais de phase 3 sur 30 000 volontaires. La société américaine possède un avantage sur son concurrent Pfizer : son produit se conserve dans un frigo "normal" à 4 degrés, contre -70 pour Pfizer. La firme compte fabriquer 20 millions de doses d'ici à la fin de l'année.

Le vaccin d'Astrazeneca/Oxford

Le 22 novembre, le laboratoire britannique AstraZeneca a déclaré que son vaccin à deux injections, développé avec l’université d’Oxford, est d’une efficacité moyenne de 70 %, l’annonce déçoit. « Dans l’absolu, pourtant, 70 %, ce n’est pas mal. Le vaccin contre la grippe, par exemple, ne fait jamais mieux que 70 % », nuance l’infectiologue Odile Launay, qui coordonne le centre d’investigation clinique de Cochin-Pasteur.

Le vaccin russe : "Spoutnik V"

Le vaccin Spoutnik V est actuellement en phase 3 d'essais cliniques randomisés en double aveugle - une démarche expérimentale utilisée dans plusieurs disciplines - auprès de 40.000 volontaires.Alors que la Russie s'est montrée jusqu'ici avare concernant la documentation scientifique de ce vaccin vanté par le président Vladimir Poutine, les créateurs du Spoutnik V ont réitéré mardi que la recherche serait publiée sous peu "dans une des principales revues médicales au monde et évaluée par des pairs".

Il s'agit d'un vaccin à "vecteur viral" utilisant comme vecteur en deux injections deux adénovirus (virus très courants, responsables notamment de rhumes), transformés pour y ajouter une partie de celui responsable de la Covid-19.

Le vaccin chinois : "CoronaVac" du laboratoire chinois Sinovac Biotech

C’est au tour du vaccin "CoronaVac" du laboratoire chinois Sinovac Biotech de (re)faire parler de lui. Et en mieux qu’en octobre, lorsque les essais cliniques avaient été suspendus quelques jours au Brésil après la mort d’un participant, qui serait finalement un suicide.

Une étude préliminaire publiée mardi dans la revue britannique "The Lancet", montre que ce vaccin, qui compte parmi ceux qui en sont au stade le plus avancé, la phase 3, où l’efficacité du vaccin est mesurée sur des dizaines de milliers de volontaires sur plusieurs continents, "est sûr et déclenche bien une réponse immunitaire chez les patients en bonne santé."

Quelle serait l'efficacité du vaccin Covid-19 ?

Vaccin Pfizer BioNTech contre la Covid-19 : une efficacité à 95% mais des résultats incomplets

Le vaccin développé par Pfizer et BioNTechest efficace à 95%. Le laboratoire américain et la biotech allemande ont publié ce 18 novembre les résultats complets de leur essai clinique à grande échelle. L'efficacité est supérieure à celle annoncée précédemment selon des résultats partiels qui montraient "plus de 90%" d'efficacité . Cela signifie que 162 membres du groupe placebo de l'essai ont contracté la Covid-19, contre seulement 8 dans le groupe vacciné. Pfizer a donc demandé une autorisation de commercialisation à l'Agence américaine des médicaments (FDA). La FDA pourrait donner son feu vert à la mise sur le marché dès le mois de décembre, selon un haut responsable de l'opération gouvernementale pour les vaccins, Moncef Slaoui.

Vaccin Covid-19 AstraZeneca/Oxford : une efficacité à 70% en moyenne

Après les résultats spectaculaires annoncés par Pfizer-BioNTech et Moderna, la pression montait pour le vaccin développé par AstraZeneca et Oxford. Le laboratoire et l'université britanniques ont présenté ce lundi 23 novembre leurs résultats préliminaires qui portent sur plus de 20.000 personnes (sur 60.000 enrôlées dans le monde). Après la survenue de 131 cas de Covid-19 répartis entre les groupes contrôles et les groupes vaccinés, les chercheurs ont pu calculer l'efficacité de leur produit, évaluée à 70 %. C'est significativement moins que les 94,5% de Moderna et les 95 % de Pfizer, mais cela reste largement supérieur au cap de 50% fixé par la FDA, l'autorité sanitaire américaine.

Vaccin russe Spoutnik V : une efficacité à 95%

Développé par le centre de recherches Gamaleïa de Moscou, le vaccin russe Spoutnik V contre le Covid-19 est efficace à 95%, a affirmé le Kremlin, ce mardi 24 novembre. Selon un communiqué commun du centre, du ministère russe de la Santé et du Fonds souverain russe, il s’agit des résultats préliminaires obtenus sur des volontaires 42 jours après l’injection de la première dose. Mais ils n’ont cependant pas mentionné le nombre de cas utilisés pour les calculs.

Vaccin contre le coronavirus : qui sera vacciné en premier ?

Emmanuel Macron a annoncé le 24 novembre que les personnes vaccinées en premier, en France, seraient "les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées". "Nous commencerons vraisemblablement, dès fin-décembre-début janvier, sous réserve des validations par les autorités sanitaires, par vacciner les personnes les plus fragiles et donc les plus âgées. Des étapes successives seront présentées afin, progressivement, de permettre la vaccination du plus grand nombre", a-t-il expliqué. Dans un avis du 9 juillet, le Conseil scientifique Covid-19 recommandait de préparer une stratégie vaccinale avec un "ciblage des populations prioritaires". Parmi ces populations en France (Hexagone et Outre-mer), le Conseil listait :

  • Les professionnels de santé : 6,8 millions de personnes à risque d'exposition professionnelle avec une "priorité très élevée".
  • Les personnes vulnérables exposées du fait de leur âge ou de leur état de santé, soit environ 23 millions de personnes en France
  • Les personnes en grande précarité (environ 250 000 personnes)
  • Les personnes exposées par leur emploi au contact de la population (commerçants, aides à domicile, enseignants, chauffeurs de bus) ou travaillant en milieux confinés à risque (abattoirs, taxis/VTC, ou encore croisières) ou ayant un hébergement confiné à risque (travailleurs migrants, site de construction...).

Où sera distribué le prochain vaccin Covid-19 ?

Selon Les entreprises du médicament, compte tenu de l’urgence de la situation, que ce soit dans les pays à hauts revenus ou les pays à plus faibles ressources, il sera nécessaire de travailler très étroitement entre gouvernements, organisations supranationales (Union européenne) et organisations internationales (OMS entre autres). Les entreprises du médicament s’engagent tout particulièrement à ce que les vaccins développés soient mis à disposition de tous, partout dans le monde, sous réserve bien entendu qu’ils franchissent avec succès les différentes étapes de développement.

Sources : L’Inserm lance une plateforme d’évaluation des candidats vaccins contre le Covid 19 pour la réalisation d’essais de qualité à grande échelle, presse.inserm.fr, 20 juillet 2020. Les projets de recherche (Coronavirus), Pasteur.fr.Le candidat-vaccin à ARNm contre la COVID-19 de Sanofi et Translate Bio a induit la production de concentrationsélevées d’anticorps dans le cadre d’études précliniques, communiqué de presse SANOFI, 15 octobre 2020.Covid-19 et Vaccins : 12 questions-Réponses : Leem, les entreprises du médicament, leem.org.Safety, tolerability, and immunogenicity of an inactivated SARS-CoV-2 vaccine in healthy adults aged 18–59 years: a randomised, double-blind, placebo-controlled, phase 1/2 clinical trial, The Lancet, 17 novembre 2020. Safety and immunogenicity of ChAdOx1 nCoV-19 vaccine administered in a prime-boost regimen in young and old adults (COV002): a single-blind, randomised, controlled, phase 2/3 trial, The Lancet, 18 novembre 2020.Moderna’s COVID-19 Vaccine Candidate Meets its Primary Efficacy Endpoint in the First Interim Analysis of the Phase 3 COVE Study, 16 novembre 2020. Vaccins contre le SARS-CoV-2, 9 JUILLET 2020, une stratégie de vaccination - Comité scientifique COVID-19 – Comité Vaccin COVID-19, 9 juillet 2020.