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Le mouvement en faveur du boycott de l'avion prend de l'ampleur. Accusé de tous les maux, l'avion est-il vraiment le pire moyen de transport pour la planète ?
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Emissions de gaz à effet de serre : l'avion est-il pire que la voiture ? 

Deux semaines. C’est le temps qu’il a fallu à la jeune égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, Greta Thunberg, pour rallier New York depuis le sud de l’Angleterre à bord d’un voilier de course zéro carbone. En avion, le trajet ne lui aurait même pas pris huit heures. Comme elle, de plus en plus de citoyens soucieux de l’environnement se sont décidés à boycotter l’avion et privilégient désormais d’autres modes de transport. En cause : le transport aérien est globalement responsable de 2 % des émissions de CO2 dans le monde.

Pour autant, l’avion est-il vraiment plus nocif que la voiture ? "Pour le même trajet, le niveau d’émissions de gaz à effet de serre est sensiblement le même entre une voiture occupée par une seule personne et un avion occupé à plus de 80 %, répond Isabelle Laplace, responsable du programme de recherche Développement Durable du transport aérien de l’Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC). En revanche, à l’échelle du temps, les chiffres sont complétement différents". 

En effet, pour comprendre l’impact de l’avion sur l’environnement, encore faut-il prendre en compte la distance parcourue. Durant un même laps de temps, une voiture peut parcourir plusieurs centaines de kilomètres tandis qu’un avion, lui, peut faire plusieurs trajets ou parcourir une plus grande distance, et donc émettre davantage d’émission polluante. "En une heure de temps, on peut parcourir jusqu’à 900 km avec un avion contre une centaine seulement avec une voiture. Par heure, l’émission polluante va donc être 11 fois plus importante pour l’avion que pour la voiture", détaille la spécialiste. 

Le train, une alternative efficace pour agir en faveur du climat

Investir dans des innovations technologiques pourrait pourtant permettre de limiter l’impact de l’avion sur l’environnement. Problème, "la mise en œuvre d’innovations technologiques dites de rupture, car elles entraînent des modifications importantes dans la structure ou le fonctionnement d’un avion, prend environ 20 ans entre la création, la fabrication ou encore la certification, explique Isabelle Laplace. Le secteur de l’aviation est très contrôlé. C’est le revers de la médaille mais la sécurité est essentielle".

Il faudra donc attendre avant que les premiers avions écolos voient le jour. Pour autant, plusieurs mesures ont d’ores et déjà été mises en place afin de réduire leur impact sur le climat. Depuis 2012, les compagnies aériennes européennes ont notamment adhéré au système ETS (European Trading System) qui leur permet de participer à la compensation carbone. Autre exemple : l’accord CORSIA, un programme mondial de compensation et de réduction des émissions de CO2, devrait être progressivement mis en place à partir de 2021. "L’argent récolté servira à financer des solutions permettant de neutraliser le carbone", confirme Isabelle Laplace.

Mais alors que le transport aérien n’est responsable que d’une fraction des émissions de CO2 émises par l’ensemble du secteur des transports, deuxième contributeur de gaz à effet de serre derrière le secteur de l’énergie et de l’électricité, la solution pourrait consister à mieux se déplacer. "Il faut complétement revoir notre utilisation des moyens de transport et améliorer leur complémentarité. En agissant secteur par secteur, nous faisons fausse route", assure la spécialiste. En attendant, la meilleure alternative pour agir en faveur du climat reste de prendre le train puisque, selon l’Ademe, un trajet en TGV serait entre 15 à 45 fois moins polluant qu’un voyage en avion.