Retraite des femmes : attention à cette injustice dont vous pourriez être victimeIllustrationIstock
Selon le gouvernement, la réforme des retraites à venir aurait le pouvoir de favoriser la retraite des femmes, parfois lésées par le système actuel. Pourtant, en observant les mesures présentées, certaines injustices pourraient bel et bien subsister dans le régime qui va être voté par l'exécutif. Toutes nos explications dans ce dossier.
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Alors qu’Emmanuel Macron souhaitait, en 2019, créer un système de retraites unique par points, imaginé au nom de l’équité, il a complètement modifié sa feuille de route avec le texte actuel de la réforme des retraites. Ainsi, l’injustice importante représentée par les inégalités de pension entre femmes et hommes n’est ici pas prise en compte dans la proposition faite par le gouvernement. Au contraire, elle pourrait même se creuser avec les mesures de recul de l’âge et l’allongement de la durée de cotisation.

Retraite des femmes : des inégalités de pension persistantes

Alors que l’égalité salariale entre hommes et femmes n’est toujours pas d’actualité, la réforme des retraites récemment présentée vient accroître ce sentiment d’injustice persistant envers la carrière des femmes. Dès lors, les inégalités de salaires, de durée de carrière, ou encore l’utilisation plus fréquente du temps partiel pour les femmes amplifient les disparités entre hommes et femmes.

D’après l’Insee, le salaire des femmes est ainsi inférieur à celui des hommes de 22%, en moyenne, alors que leurs pensions stagnent à 40% de différence de celles des hommes. Malgré des évocations récurrentes de la situation et les tentatives de faire progresser les choses, les inégalités demeurent au fur et à mesure des années. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le rapport pension des femmes sur pension des hommes devrait atteindre 84% en 2037. Pire encore, il pourrait ne jamais s’approcher de l’égalité en se limitant à un taux de 90 à 92%.

Retraite des femmes : quelle évolution avec la réforme des retraites ?

Lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre du Travail Olivier Dussopt a affirmé que la réforme serait favorable aux femmes. Comme le rapporte 20 minutes, il a notamment mis en valeur l’absence de modification de l’âge de la décote, mais aussi la revalorisation du minimum des pensions, ainsi que l’intégration des congés parentaux dans le décompte des trimestres. Pour lui, “les femmes vont être mieux protégées.”

Il a poursuivi sa démonstration en revenant sur l’application de la retraite minimum, qui “va plus bénéficier aux femmes qu’aux hommes.” Or, en occultant la modification de l’âge de suppression de la décote, la situation reste tout simplement identique pour les femmes. Dans ce cadre, celles qui n’auront pas acquis le nombre de trimestres nécessaires continueront donc à partir à 67 ans. Rappelons que, selon l’Insee, 19% des femmes nées en 1950 ont attendu 65 et 66 ans pour partir en retraite afin d’éviter une décote.

Retraite des femmes : des trimestres non comptabilisés lors du départ ?

Toutes les femmes bénéficient de trimestres maternité, acquis lors de la naissance d’un enfant. Pour chaque enfant né avant 2010, ce sont donc 8 trimestres qui viennent s’ajouter au total afin de combler l’impact de la maternité sur la vie professionnelle. Toutefois, ces trimestres sont délaissés par les caisses de retraite dans le calcul des carrières longues jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite.

Pour les femmes ayant commencé à travailler avant 20 ans, ces trimestres ne peuvent donc être pris en compte avant l’âge légal de départ à la retraite. Une situation vécue comme une injustice pour un grand nombre de femmes, qui pourraient utiliser ce total de trimestres plus tôt que prévu. Dans l’espoir de remédier à cette situation, la Nupes a déjà prévu de déposer un amendement pour alerter sur ce cas particulier.