Retraites : pourquoi les mots de Bruno Le Maire ne passent pasIstock
Après avoir justifié le vote de la revalorisation des pensions de retraite, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire s'est attiré beaucoup de critiques sur Twitter cette semaine. Ses affirmations seraient erronées. Explications.

« Oui, nous protégeons intégralement nos retraités contre l’inflation » : cette citation de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, lui a valu le feu des critiques sur Twitter. Après l'annulation dans la nuit du 26 au 27 juillet 2022 du vote d’une revalorisation de 500 millions d’euros pour les pensions de retraites, une revalorisation plus faible a été votée au Parlement : 1,1% en janvier et 4,4% de façon rétroactive depuis juillet. Selon Bruno Le Maire, ces deux valeurs s’additionnent, et ainsi couvrent l’estimation de 5% d’inflation faite par le gouvernement.

Erreur de calcul

Mais il en est tout autre. Sur BFM Business, l’économiste Pierre Kupferman rappelle que les retraites complémentaires n’ont toujours pas été valorisées, les partenaires sociaux attendant traditionnellement le mois de novembre. « Mais surtout, quand on ressort sa calculette, on se rend compte que les augmentations accordées par le gouvernement ne compenseront pas l’inflation sur l’année. » Ainsi, pour un retraité qui gagnerait 1.000 euros d’assurance vieillesse par mois en 2021, le montant de la pension montera à 1.011 euros par mois en 2022 de janvier à juin, et à 1.051,45 euros par mois de juillet à décembre.

 

Entre décembre 2021 et juillet 2022, le montant de la retraite aura bien augmenté de 5,144%, mais ce n’est pas le cas sur l’ensemble de l’année. Car avec un total de 12.375 euros sur l’année, la revalorisation passe à 3,1%. Un montant inférieur à l’inflation, contrairement à ce qu’a promis Bruno Le Maire, et un manque à gagner de 2,4 points de pouvoir d’achat pour les retraités. « Si le gouvernement avait voulu que le compte y soit, il aurait fallu augmenter les retraites de 8,7% en juillet. Le rattrapage de 4% est insuffisant », explique l’économiste Maxime Combes à Franceinfo. Quoi qu’il en soit, le montant choisi est en-deçà des estimations de l’Insee, qui prévoit que les prix montent en à 5,5% en moyenne sur l’ensemble l’année 2022. Selon ses dernières estimations, publiées le 29 juillet 2022, l’inflation a progressé de 0,3 point par rapport à juin pour atteindre les 6,1% sur un an ; elle devrait atteindre 6,8% à la fin de l’année.