TÉMOIGNAGE. Face à l'inflation, j'ai commencé à voler au supermarchéIllustrationIstock
Carine, 47 ans, est une mère de famille qui, comme beaucoup, peine à joindre les deux bouts. Depuis quelques mois, l'inflation a eu raison de son pouvoir d'achat, si bien qu'elle a commencé à voler à l'étalage dans les supermarchés. Elle témoigne.
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L'année 2022 a profondément été marquée par l'inflation, et 2023 risque bien de lui ressembler.  Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la hausse des prix à la consommation a été confirmée à 5,2% en moyenne sur l'ensemble de l'année 2022. Au supermarché comme dans le secteur de l'énergie, la facture est salée pour les foyers français. Si bien que les commerces remarquent une recrudescence des vols à l'étalage ces derniers mois... D'après les dernières données du ministère de l'Intérieur, on constate une hausse de 14% du nombre de plaintes l'année dernière. 

Selon un reportage de TF1, les magasins redoublent de vigilance pour repérer les vols. "On a investi sur deux systèmes : le système humain, avec deux vigiles à temps plein qui sillonnent le magasin, mais également sur un ensemble de caméras (...) C'estsurtout en fin de mois qu'on s'aperçoit que les vols augmentent. On a beaucoup plus d'interpellations", explique Jérôme Vandevoorde, gérant d'un supermarché Carrefour à Tourcoing dans le Nord. 

Carine, 47 ans, vole à l'étalage pour boucler ses fins de mois

Carine, 47 ans, n'est pas fière de faire partie de celles et ceux qui recourent au vol pour boucler les fins de mois. "Je suis une maman célibataire de 3 enfants, et j'ai un tout petit salaire. Comment je pourrais faire autrement ?", s'interroge-t-elle. Pour Planet, elle raconte pourquoi et comment elle vole désormais au supermarché pour faire face à l'inflation. 

"Ca a commencé avec le scénario classique : j'avais un pack de bouteilles de lait sur le rebord de mon chariot, que j'ai oublié de montrer à la caissière. Normalement, je serais retournée au supermarché une fois arrivée au parking... Mais je venais de dépasser mon découvert autorisé pour faire les courses du mois, alors j'ai gardé le lait", raconte la quadragénaire. Là, Carine s'est retrouvé dans l'engrenage du vol à l'étalage...

Inflation et vols à l'étalage : quels sont les produits concernés ?

"Alors, systématiquement, j'ai commencé à garder les bouteilles de lait au fond de mon chariot chaque fois que j'allais en courses. Je me suis aussi mise à changer les étiquettes sur les fruits et les légumes pour payer moins cher. Parfois je pèse mes pommes et j'en ajoute quelques unes ensuite...", résume la mère de famille. 

"Je ne vole que de la nourriture ou des produits d'hygiène. Par exemple, je laisse un tube de dentifrice au fond du chariot en espérant qu'il passe inaperçu, ou alors je laisse une barquette de viandes cachée sous les sacs de courses dans le caddie... Je n'arriverais pas à glisser quelque chose directement dans ma poche", se confie Carine. 

Vols à l'étalage : amende, prison... Que risque-t-on ?

"Bien sûr, j'ai peur des retombées. Mais ce qui me ferait le plus honte serait que mes enfants le remarquent. Ce n'est pas mon genre du tout, je n'ai pas été éduquée comme ça et je ne veux surtout pas leur donner le mauvais exemple", soupire Carine. "Dès que j'en aurais les moyens, si les prix baissent ou que j'ai une augmentation de salaire, j'arrêterai. Mais pour l'instant, je ne peux pas me le permettre...", conclut la mère de famille. 

Pour rappel, les voleurs à l'étalage s'exposent à une peine de trois ans de prison, et jusqu'à 45 000 euros d'amende.