Mutuelles : frais de gestion, prix exorbitants... Leurs abus dévoilésIstock
Dans un livre au vitriol, le journaliste Daniel Rosenweg dénonce les frais de gestion exorbitants et dérives des mutuelles et plaide pour leur fermeture pour confier les remboursements à la Sécurité sociale. Leurs tarifs auraient augmenté de 45% en dix ans.
Sommaire

Frais de gestion exorbitants, hausse continue des tarifs et opacité du système de remboursement... Les pratiques des mutuelles sont dénoncées dans Le livre (très) noir des mutuelles de Daniel Rosenweg paru ce jeudi 30 septembre. Comme le révèle en exclusivité Le Figaro, qui en dévoile les meilleures feuilles, le spécialiste de l'économie dénonce dans l'ouvrage "les dérives, défaillances, dysfonctionnements qui, depuis 2015 et en particulier depuis 2019, ont terni l'image des complémentaires santé".

Le journaliste cible les frais exorbitants qui n'ont cessé de croître ces dernières années. Les tarifs des mutuelles auraient augmenté de 45% en dix ans. "Aujourd'hui, 11 millions de personnes ne pourraient s'offrir une complémentaire santé sans l'aide de l'État, c'est donc devenu un produit de luxe", dénonce Daniel Rosenweg dans son ouvrage.

Mutuelles : 8 milliards d'euros de frais de gestion en 2021

Le journaliste n'hésite pas à étriller les pratiques déloyales des mutuelles. Daniel Rosenweg évoque une "incroyable trahison nationale" vis-à-vis des assurés avec "la non-restitution des cotisations perçues en 2020 et 2021 alors que la pandémie a réduit les dépenses de santé des mutuelles de 2,8 milliards d'euros !". Pour minimiser les frais, le gouvernement a donc décidé, via la loi de financement de la Sécurité sociale, d’instaurer une "taxe Covid" sur les mutuelles, de 2,6% dès 2021, et de 1,3% en 2022. "Sans cette disposition, nous aurions pu minorer les cotisations des assurés en 2021", a assuré dans les colonnes de Capital Albert Lautman, directeur général de la Mutualité française (FNMF).

Pour le journaliste, les mutuelles "nont pas le droit de faire des bénéfices, mais font des excédents". "Elles sont assises sur un tas d'or de 12 milliards d'euros, c'est 5 fois plus que l'obligation des règles prudentielles. Ils pourraient piocher dedans quand on leur demande de modérer les tarifs, mais ils ne le font pas", assène le journaliste. Il pointe du doigt les frais de gestion des complémentaires santé qui sont à "21% en moyenne et représenteront huit milliards d'euros en 2021 et dix milliards en 2025".

"Ils atteignent 40% sur certains contrats, cela signifie que, sur 1000 euros payés par l'assuré, 400 euros partent en frais administratifs", s'indigne Daniel Rosenweg. De leur côté, les mutuelles justifient leurs frais de gestion en assurant que leur modèle économique est différent de celui de la Sécurité sociale. Elles assurent également que le marché est de moins en moins concurrentiel avec 50 acteurs possédant 70% du marché et qu'elles sont parvenues malgré tout à éviter les plans sociaux. Pour rappel, les complémentaires santé ont déjà été épinglées par la Cour des comptes en juillet dernier. Dans un rapport au vitriol, les magistrats financiers fustigent "une couverture globalement coûteuse, parfois inéquitable, qui laisse de côté une part non négligeable de la population". Daniel Rosenweg évoque lui aussi une inégalité entre salariés selon la branche à laquelle ils travaillent. "Un salarié qui travaille dans la restauration hôtellerie bénéficie d'une mutuelle à 350 euros par an en moyenne, dans la finance communication à 1500 euros par an", fustige-t-il.

Une couverture inéquitable et coûteuse

Le journalise "milite pour fermer les complémentaires et confier les remboursements à la Sécu, associée au peu connu régime local de complémentaire santé d'Alsace-Moselle, obligatoire et dirigé par les partenaires sociaux". "Ses frais de gestion sont de… 1,05% et ses cotisations n'ont pas augmenté depuis 2012 !", fait-il valoir. Emmanuel Macron avait déjà promis un remboursement à 100% pour certaines lunettes, prothèses dentaires et auditives.

Une réforme mise en place progressivement depuis deux ans mais qui n'est pas encore très efficace. En effet, seulement 14% des verres de lunettes ont été vendus sans que l’assuré n’ait rien à payer.