Espionnage : ces pays qui menacent gravement la France
Un rapport parlementaire dresse un panorama inquiétant des ingérences extérieures qui menacent la France. La situation s'est, semble-t-il, aggravée avec la polarisation du monde entre démocratie et autoritarisme.

Lors de ses vœux aux armées le 20 janvier dernier, Emmanuel Macron avait lâché : " la guerre ne se déclare plus, elle se mène à bas bruit, insidieusement, elle est hybride". Un dernier rapport de la Délégation parlementaire au renseignement (DPR) vient de lui donner raison. Le rapport en plus d'une centaine de pages mis en ligne le 2 novembre détaille un niveau de menace d'ingérences étrangères "à un stade élevé, dans un contexte international tendu et décomplexé".

Ainsi la DPR juge que "nous vivons dorénavant dans un monde de confrontation entre d’un côté des régimes autoritaires et de l’autre des démocraties occidentales dont le leadership est contesté". Comprendre : l'ingérence des puissances étrangères en France atteint des sommets, et  la réponse démocratique consiste dans le renseignement qui détecte, surveille et entrave. Les fonds normaux consacrés au renseignement ont d'ailleurs cru sans discontinuer depuis 2015. Ils atteignent 3,03 milliards d'euros en 2022 contre 2,77 milliards en 2021. 

Les Français "naifs"

Les méthodes utilisées par les puissances étrangères contre la France sont nombreuses : opérations de désinformation, cyberattaquesespionnage, corruption, trahison... et elles touchent de très nombreux acteurs, depuis les commerciaux jusqu'aux politiques, constituant "des leviers de déstabilisation sans précédent de nos sociétés démocratiques" selon la DPR. "L’attention de nos adversaires, jusque-là très focalisée sur Paris, s’est elle-même orientée vers l’ensemble du territoire." Ainsi depuis 2021, un plan global de sensibilisation aux ingérences étrangères a conduit, entre juillet 2021 et juillet 2022, à près de 10.000 actions qui ont concerné environ 55.000 personnes.  

Ces ingérences pénétrent les couches de la société avec d'autant plus d'aisance qu'elles profitent de "vulnérabilités persistantes", au premier rang desquelles : "la naïveté qui provient d'une méconnaissance des dangers". Pour remédier à cela, les membres de la DPR recommandent alors de "rendre obligatoire l’enregistrement des acteurs influant sur la vie publique française pour le compte d’une puissance étrangère et de les soumettre à une série d’obligations déontologiques", à l’image du Foreign Agents Registration Act (FARA) américain. " La mise en place en France d’un dispositif ad hoc pourrait aussi préfigurer la création d’un “FARA” européen", suggère la DPR.

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Voici les pays dont l'ingérence constitue la menace la plus forte en France.

La Russie

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La Russie

La délégation explique que la Russie est le seul État à avoir "érigé en doctrine officielle" la manipulation de l’information avec l’objectif d’"affaiblir l’occident", en se référant dans les élections présidentielles françaises de 2017 ("Macron Leaks"). L'infiltration est le moyen historique russe d'ingérence, et "Force est de constater que le dispositif des services russes en France demeure actif", observe le rapport. "La stratégie du pouvoir russe vise aussi à attirer dans sa sphère d'influence d'anciens dirigeants européens à travers leur participation aux conseils d'administration de grands groupes", affirme le rapport qui croit notamment bon de citer "l'ancien premier ministre François Fillon". 

La Chine

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La Chine

"La Chine est la puissance étrangère de loin la plus active en matière d'espionnage dans les laboratoires de recherches scientifiques". Les services de Pékin peuvent aussi compter sur une loi chinoise qui stipule que "tout citoyen doit soutenir, assister et coopérer avec les activités liées au renseignement national" et "cette disposition fait de tout ressortissant chinois un potentiel espion". Ce que les parlementaires nomment le "recours aux diasporas" concernerait ainsi 600.000 personnes en France. De surcroît le parti des "cinquante centimes" (wumao dang) emploierait une constellation de commentateurs payés 50 centimes de yuan pour chaque article ou publication favorable au PCC sur les réseaux sociaux.

La Turquie

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La Turquie

La Turquie a l’objectif "de contrôler la diaspora turque en tant que relais des idées du pouvoir d’Ankara, c’est-à-dire hostiles aux Kurdes et aux Arméniens". Les auteurs évoquent le financement des lieux de culte en France pour peser sur l'islam de France. Le pays pratique aussi "l’entrisme en politique via la participation aux élections locales et nationales". Enfin, les enseignements langues et culture d’origine (ELCO), assurés par des enseignants recrutés, payés et encadrés par les pays d’origine, ont pu promouvoir une orientation politique ou défendre des actions contraires aux valeurs de la République. 

L'Iran

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L'Iran

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